Depuis pas mal de temps déjà je lis et feuillete les livres de Frédéric Pajak.
C’est dans L’immense solitude [1] où j’ai découvert ses personnages aux longs nez, tels un Pinnocchio menteur. Derrière ses sujets mélancholiques se cache une grande loufoquerie que j’apprécie beaucoup.
Aussi sa façon de mêler dans un collage des citations de ses auteurs préférés avec sa propre biographie.
Après une citation de Nietzsche [2] on peut donc lire :
CE LIVRE N’EST PAS UNE BIOGRAPHIE, ni deux biographies, et encore moins une autobiographie.
Ce qu’on pourrait traiter de coquetterie, car sur la page suivante il écrit déjà :
Mon père est mort, tué dans un accident de voiture. Il avait trente-cinq ans. J’en avais neuf.
Mais les choses ne sont pas si simples, car l’illustration de l’accident de voiture a peu de chose à avoir avec le vrai accident qui l’a laissé orphélin.
Depuis 1999 il a parcouru du chemin avec ses phantômes pour y revenir dans une vraie autobiographie, publiée sous le titre J’entends des voix.
Fidèle à Nietzsche [3] il nous dévoile les circonstances de cet accident qui réapparaît dans tous ses livres :
Je me souviens d’une fin d’après-midi. Notre père nous avait emmenés avec lui, ma soeur et moi, pour faire quelques courses. Il a garé la voiture et nous a dit : "Restez sages sur la banquette, je reviens dans une minute.!". Il n’est jamais revenu, ou trop tard, beaucoup trop tard : nous avions tout imaginé. Et nous étions morts, bien entendu.
- Pajak par Pajak